Photo du colonel Dillard au cimetière national d’Arlington, prise par Eric Buchanan

Ce qui suit fait partie de la réponse du colonel Dillard au Centre d’histoire Militaire (CHM) concernant la Citation de l’Unité Présidentielle (CUP). La réponse est contenue dans l’étude du 551<sup>ème</sup> au CHM. J’avais récemment lu, juste avant de visiter le CHM, un article sur le type de résistance de l’armée allemande juste avant sa reddition, comment elle était principalement composée d’hommes âgés conscrits et de jeunes soldats inexpérimentés ; cependant, ce n’était pas toujours le cas, comme le souligne le colonel Dillard dans sa réfutation au CHM :

LA QUALITÉ DE LA 62<sup>ème</sup> DIVISION DE GRENADIERS DU PEUPLE ( DGP), FORCE OPPOSEE, À ROCHELINVAL.

« À propos de la qualité des forces allemandes qui ont opposé une résistance au 551<sup>ème</sup> lors de la contre-offensive des Ardennes, l’avis du CHM est ambigu et contradictoire. À un moment donné, l’étude indique que le 551<sup>ème</sup> “rencontrerait une forte résistance de la ligne de départ à l’objectif” ; à un autre moment, elle dit : “Il y a peu d’indications selon lesquelles les Allemands ont présenté une défense acharnée.” Qu’en est-il ?
De plus, le CHM embrouille la question en déclarant que “la résistance dans le secteur du 551<sup>ème</sup> était basée plus sur la puissance de feu que sur la volonté des fantassins défenseurs.” Malheureusement, l’artillerie et les mitrailleuses tuent et blessent aussi sûrement que les fusils de l’infanterie. Et une force n’a pas besoin d’être “fanatique” pour être efficace. Le CHM a sans doute raison lorsqu’il note la probabilité que “la majorité des pertes du bataillon aient été dues à des éclats d’obus d’artillerie plutôt qu’à des combats rapprochés d’infanterie.” Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de combats rapprochés (il y en a eu beaucoup), ni que la résistance n’était pas farouche.
En fait, le 4 janvier, le lieutenant Dick Durkee a mené un peloton de la compagnie A dans une rare attaque à la baïonnette contre des nids de mitrailleuses – 64 Allemands ont été tués à coups de crosse de fusil et de coups de poignard. Les combats ne peuvent pas être plus rapprochés que cela.
Une partie du problème dans l’évaluation de la qualité de la 62<sup>ème</sup> DGP, est que chacun de ses trois régiments auxquels le 551<sup>ème</sup> a du faire face, a été qualifié dès le départ comme un régiment de “chair à canon” par les premiers historiens et par le général Gavin, qui a déclaré dans ses mémoires « vers Berlin » que “le premier jour de combat, la 82<sup>ème</sup> a complètement submergé la 62<sup>ème</sup>. En fait, il y a eu quatre jours de combat épuisant contre la 62<sup>ème</sup> l’assaut féroce que les grenadiers du peuple de la 62<sup>ème</sup> étaient en train de mener (avec la 18<sup>ème</sup> DGP) à St. Vith – a fait une évaluation plus précise. Son entrée de journal du 22 décembre 1944 a convenu que bien que son entraînement ne soit pas excellent, la 62<sup>ème</sup> DGP était quand même “bonnne, dangereuse.” Bien qu’elle ait été durement touché lors de sa première attaque à St. Vith, elle ne s’est pas effondrée, et le 26 décembre, la 62<sup>ème</sup> DGP, avec la 18<sup>ème</sup> DGP, a infligé la plus grande reddition de forces américaines en dehors de Bataan – deux régiments.
De plus, l’unité régimentaire de la 62<sup>ème</sup> qui allait affronter le 55<sup>ème</sup> à Rochelinval, le 183<sup>ème</sup>, était le plus dur et le plus fort de ses trois régiments. Le général Kittel, le commandant la 62<sup>ème</sup> DGP, déclara à propos de St. Vith : “Nos pertes, surtout au niveau des bataillons et des compagnies, étaient graves, mais les pertes subies par l’ennemi dans le secteur du 183<sup>ème</sup> étaient énormes !” Selon les propres chiffres du CHM, au moment de la contre-offensive américaine dans les Ardennes, la 62<sup>ème</sup> DGP avait encore 82 % de son effectif en ligne. Et – avec de graves conséquences pour le 551<sup>ème</sup> – son artillerie, y compris 85 canons légers et moyens, selon le propre bilan du CHM, “était généralement intacte.
Si la 62<sup>ème</sup> ne présentait pas ‘une défense acharnée,’ pourquoi ont-ils lancé plusieurs contre-attaques contre l’avance des parachutistes ? (selon le CHM). Deux d’entre elles seulement ont eu lieu profondément dans la poussée du 551<sup>ème</sup> le 5 janvier – après une saturation horrible de 88mm (lance-roquettes mulitples) que les Allemands ont attaquée à pied dans la neige. Un mitrailleur léger du 551<sup>ème</sup>, maintenant sur pied et combattant, l’a décrit : “Je me souviens avoir vu des Allemands tout autour de nous. Ils étaient proches et les choses sont devenues assez sauvages. L’un d’eux m’a frappé au menton avec la crosse de son fusil et m’a assommé. Je ne sais pas pourquoi il ne m’a pas achevé ; peut-être que quelqu’un l’a abattu. Nous nous battions très fort alors. C’était tuer ou être tué.
Le CHM a complètement tort lorsqu’il déclare également que ‘il y a peu d’indications selon lesquelles les Allemands… avec le dos à la rivière et peu de voies d’échappatoires, avaient l’intention de tenir le terrain surplombant la Salm si leur flanc sud était compromis. Un examen attentif du débriefing du général Kittel après la guerre (que le CHM place dans les sources, mais ne cite pas) montre que Kittel a pris une décision tactique clé le 6 janvier en raison d’une “infiltration par l’ennemi de chaque côté de Quartiers [le 551<sup>ème</sup>]” pour déplacer le 183<sup>ème</sup> plus fort et plus dur autour de Trois Ponts à Rochelinval. Avec Trois Ponts perdu et Petit Halleux ne tenant qu’une ‘faible tête de pont,’ il était maintenant évident que Rochelinval était la seule chance allemande dans la région pour une retraite sûre à travers la Salm. Il semble également certain que Kittel ait déplacé certaines, sinon toutes les 12 mitrailleuses du 190<sup>ème</sup>, gravement criblées de balles, pour renforcer encore plus Rochelinval. En bref, tout indique que le haut commandement allemand voulait que Rochelinval soit défendu à tout prix comme dernier point d’évacuation dans un secteur de 30 kilomètres de la rivière Salm. Ainsi, il y a envoyé son meilleur régiment de la 62<sup>ème</sup>; c’est à lui que le 551<sup>ème</sup> a du faire fait face le 7 janvier 1945.
Un dernier point sur la composition de la 62<sup>ème</sup>. Un autre document que le CHM n’a pas utilisé et qui aurait dû modifier son évaluation était un rapport spécial du renseignement de la Première Armée sur la 62<sup>ème</sup> publié les 6 et 7 janvier 1945 (Pièce jointe n°4). Cette enquête intéressante sur 268 prisonniers de guerre montre que seuls 12 % avaient plus de 35 ans et seulement 1 % avait 17 ans ou moins. Cela témoignait ‘d’une répartition d’âge étonnamment équilibrée’ qui ne penchait pas fortement, comme le prétendait la mythologie, en faveur des hommes âgés et des garçons. De plus, la 62<sup>ème</sup> était beaucoup plus expérimentée que ce que l’on pensait communément : 60 % des prisonniers de guerre avaient au moins deux ans d’expérience au combat ; les nouveaux venus depuis la Normandie ne représentaient que 10 %. Enfin, le rapport note qu’en ce qui concerne la possibilité que la guerre soit perdue pour l’Allemagne, ‘un nombre considérable continue à nourrir des illusions.’ Ainsi, la 62<sup>ème</sup> dans son ensemble n’était pas encore disposée à se rendre en masse comme l’a fait l’armée allemande trois mois plus tard. Et cela a pris six heures de combat acharné ce dernier jour à Rochelinval et un ‘assaut des barricades’ à mains nues par le 551<sup>ème</sup> avant que les hommes du 183<sup>ème</sup> ne commencent à se rendre.”