Légion d’Honneur décernée à Ernest Scango

Le 14 mai 2024, Ernest Scango, le dernier survivant du 551ème, fut fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
La Légion d’Honneur, créée par Napoléon en 1802, est la plus haute distinction française.

FOX NEWS 13, une chaîne de télévision locale de Tampa (Floride, USA) a fait un reportage sur l’évènement (article en anglais)

Discours prononcé par M. Raphaël Trapp, Consul Général de France à Miami

Cérémonie de remise de la Légion d’Honneur à M. Ernest Scango.

Mardi 14 mai 2024 à 14h30
Sunflower Springs, 8733 W Yulee Dr, Homosassa, FL 34448

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Mesdames et Messieurs,
Cher Monsieur Ernest Scango,

C’est un privilège pour moi d’exprimer la gratitude de mon pays et de souligner le rôle essentiel que vous avez joué pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suis profondément honoré d’accomplir l’une de mes missions les plus importantes : rendre hommage à un héros de guerre qui est venu sur les côtes françaises pour libérer mon pays d’une occupation barbare. La reconnaissance de ceux qui ont servi et combattu pour une Europe libre est très importante pour mon pays, surtout cette année.

En effet, 2024 marque le 80ème anniversaire des débarquements alliés. Le 6 juin 1944, nous commémorerons le Jour J et la Libération de la Normandie. Le 15 août, nous honorerons également les milliers de jeunes hommes qui ont débarqué dans le sud de la France lors de l’opération militaire “Anvil-Dragoon”. C’est le débarquement auquel vous avez participé, Monsieur Scango.

Il y a 80 ans, vous et vos frères d’armes avez quitté votre pays et risqué vos vies au nom de la liberté. Vous avez combattu pour la liberté et les valeurs fondamentales que nos deux pays, la France et les États-Unis, chérissent profondément. Grâce à votre abnégation et à votre bravoure, votre combat a conduit à la victoire de la démocratie sur la barbarie.

La semaine dernière, le 8 mai, le Président de la République française a commémoré cette victoire en déclarant qu’elle marquait la fin d’une période indélébile de terreur, ouvrant en même temps une ère de paix que nous devons préserver, même aujourd’hui, à tout prix!

Aujourd’hui, il est de notre devoir d’honorer votre courage et vos actions, Monsieur Scango.

Avant de fournir le compte rendu complet de vos accomplissements, cher Monsieur Scango, permettez-moi de remercier l’établissement Sunflower Springs qui accueille cet événement et de saluer la présence de :

  • M. James Hartsell, Directeur exécutif du Département des Anciens Combattants de Floride,
  • M. Luis Laracuente, représentant le sénateur américain Rick Scott,
  • Le colonel à la retraite Custin, représentant le congressman Gus Bilirakis,
  • M. Phil Watson, Directeur des Services aux Anciens Combattants du comté, représentant la Commission du comté de Citrus,
  • Le colonel retraité de l’armée française, Philippe Derathé et Maître Florian Guillotte représentant le général Christophe Hintzy, Chef du détachement français au Commandement central américain à Tampa,
  • Et votre fille, Linda Fieldhouse, qui a joué un rôle essentiel dans la préparation de cette cérémonie.
  • Et enfin, permettez-moi de saluer les anciens combattants présents dans la salle qui sont les frères d’armes de M. Scango. Merci Messieurs de partager ce moment important avec nous et pour votre service!

Monsieur Ernest Scango, nous tenons cette cérémonie pour reconnaître vos réalisations exceptionnelles. On m’a prévenu que vous êtes très humble et que pendant plus de 60 ans, vous n’avez pas voulu être décoré. Permettez-moi de vous assurer que vous avez servi héroïquement pendant la Seconde Guerre mondiale. Vous avez joué un rôle déterminant et direct dans la Libération de la France de l’occupation nazie.

Permettez-moi d’informer notre auditoire de votre service particulier pour votre pays ainsi que pour le mien.

Monsieur Ernest Scango, vous êtes né le 8 janvier 1923 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. Vous avez été enrôlé dans l’armée américaine le 5 mars 1943 et une semaine plus tard, à seulement 20 ans, vous avez été appelé au service actif à New Cumberland, en Pennsylvanie. Après une formation à Fort Benning, en Géorgie, vous avez rejoint le 551ème Bataillon d’Infanterie Parachutiste en tant que parachutiste. Vous avez ensuite combattu sur divers théâtres d’opérations.

En août 1944, vous avez participé à l’opération militaire “Dragoon”, le débarquement réussi des forces alliées conjointes permettant la libération de villes clés de France telles que Toulon et Marseille, et de tout le bassin méditerranéen. Vous avez ensuite continué à combattre sans relâche lors de la bataille des Ardennes et du Rhin.

Vous avez traversé des événements douloureux que nous ne pouvons imaginer. Lorsque vous êtes entré dans la bataille des Ardennes, il y avait 752 hommes dans votre unité. Seulement 110 sont restés en vie après la bataille. Nous n’oublierons pas cela.

Par votre attitude générale et votre courage lors de ces batailles difficiles, Monsieur Scango, sans aucun doute, vous êtes un libérateur de mon pays et de l’Europe.

Pour vos services exceptionnels, vous avez reçu plusieurs décorations et citations de l’armée américaine, y compris :

  • la Médaille de la Campagne Européenne Africaine du Moyen-Orient avec 5 étoiles de bronze,
  • la Médaille de la Campagne du Théâtre Américain,
  • la Médaille de la Bonne Conduite,
  • et la Médaille de la Victoire de la Seconde Guerre mondiale.

Cher Monsieur Scango, le rôle que vous avez joué dans la restauration de la paix et de la liberté sur notre continent est un exemple que nous devons garder à l’esprit car vous avez combattu pour les valeurs qui définissent nos deux nations : la liberté et la démocratie.

On peut se rappeler que la France a combattu aux côtés des forces révolutionnaires américaines. Le général Rochambeau et le général Lafayette ont rejoint leurs forces à celles du général Washington lors de la bataille décisive de Yorktown en 1781. Et cette bataille a conduit, quelques années plus tard, à l’indépendance des États-Unis. Ainsi, la France est le plus ancien allié des États-Unis.

Pendant la Première Guerre mondiale, plus de quatre millions d’hommes et de femmes des États-Unis ont servi en uniforme aux côtés des soldats français. Une fois de plus, nos forces conjointes ont réussi, mais la paix restaurée n’a pas duré : la Seconde Guerre mondiale a éclaté. Et pour nous aider contre la tyrannie nazie, votre génération, Monsieur Scango, est venue sur nos côtes pour combattre avec courage, au nom de la liberté.

Aujourd’hui, cette relation profonde et durable entre les États-Unis et la France repose toujours sur nos valeurs démocratiques partagées, nos liens économiques, notre coopération en matière de défense et de sécurité.

Monsieur Ernest Scango, nous vous honorons avec la Légion d’Honneur pour votre bravoure, et pour démontrer notre gratitude et notre respect infini pour votre contribution inestimable à la Libération de la France.

Permettez-moi de vous présenter cette distinction :

Fondée en 1802 par Napoléon Bonaparte, la Légion d’Honneur est l’une de ses créations les plus importantes, avec le Code Napoléon. La Légion d’Honneur est la plus haute décoration de la République française, récompensant les mérites militaires et civils éminents au service de la France. Elle est attribuée par décret de notre Président.

Il y a vingt ans, le Président Jacques Chirac a décrété que chaque vétéran vivant de la Seconde Guerre mondiale ayant combattu sur le sol français était éligible à cette distinction. Le but était de reconnaître leur bravoure et leur sacrifice. Et aujourd’hui, nous en honorons un. Vous, Monsieur Ernest Scango.

« Au nom du Président de la République, nous vous remettons les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur ».