Photo prise par Charles Fairlamb, HQ 551ème, à Noirefontaine
Eric Buchanan a récemment eu l’occasion rare de transcrire un entretien téléphonique avec peut-être le seul survivant de la Compagnie C du 551ème BIP, Ralph Nichols. Loic Jankowiak a mené l’entretien et a eu la gentillesse de permettre à Eric de partager l’un des souvenirs de Ralph de la Bataille des Ardennes lors de cet entretien.
Ralph Nichols, Soldat de première classe, Compagnie C :
« Nous n’avions pas dormi depuis 3 à 4 jours et nous n’avions rien mangé d’autre que quelques vieux biscuits, ils étaient tellement durs. Nous nous en sommes sortis tant bien que mal et je me suis allongé là. J’étais endormi avant même de m’allonger, je suppose. La seule chose que j’avais, c’était un long manteau de l’armée, un manteau en laine. Je l’ai posé par terre et je me suis allongé dessus. Je suppose que je serais resté là et que j’aurais probablement gelé si l’un des gars n’était pas passé par là et ne m’avait pas trébuché dessus. Il n’y avait pas de lumière, il n’y avait pas de lumière nulle part. Il a trébuché sur moi et ça m’a réveillé. Je suppose que si ça n’avait pas été le cas, je ne me serais jamais réveillé. Il faisait froid. J’ai juste laissé le manteau de l’armée là. Je ne pouvais pas le remonter ; il était gelé au sol… FROID, mon Dieu que c’était froid. Froid je vous le dis. Il faisait froid et nous n’avions pas vraiment de vêtements d’hiver. Nous étions partis de France dans une telle précipitation. Nous avions mis nos affaires dans des sacs et… elles nous rattraperont dans deux ou trois jours, elles nous rattraperont. Elles ne nous ont toujours pas rattrapés. Je n’ai pas revu mon sac depuis. Tout ce que j’avais était dans ce sac… tous mes vêtements. Tous mes vêtements sauf ce que j’avais sur moi et beaucoup de choses que j’avais ramassées. Ça ne valait rien mais c’était quelque chose que je voulais garder… »